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Un régime militaire est un coup d’État en instances, il n’y a ni sérénité, ni paix au sommet (Par Marouane)

« Un coup d’État appelle toujours un autre coup d’Etat ». Il faut qu’on l’assimile et le digère. C’est l’instance démentielle des égos. Le stade suprême de la faillite élitiste et la décadence de l’État. Le coup d’Etat est le signe de malédictions et de punition dues au manque de cohérence, de pertinence avec un égoïsme accru de la classe dirigeante et de la société politique dans son ensemble. A nos maux, le régime des bottes n’est jamais la panacée, loin s’en faut ! Il les aggrave inconsciemment, cette fois-ci, avec de nouvelles pathologies très cancérigènes au détriment de tous les fondamentaux de la République, de la nation et de notre vivre ensemble. Le régime kakis est l’un des symptômes d’un corps malade au diagnostic inquiétant avec un pronostique vital compromis. Il n’est ni un remède efficace, ni le calmant indiqué. C’est plutôt un parasite dangereux et une contre-indication aux multiples conséquences.
En quoi, une maladie peut être le remède d’une autre ?
Le régime militaire n’apporte ni paix, ni stabilité. Ne crée ni une croissance économique, ni progrès social. C’est la conséquence d’un dérèglement de l’ordre politique et l’aboutissement d’une déchirure politique profonde du sommet jusqu’à la base. L’irruption des militaires dans l’espace politique est un recul grave, un acte déplorable qu’aucune société réfléchie quelles que soient ses conditions de vie désastreuses et alarmantes ne doit souhaiter. Et les Guinéens, désormais, ont appris à leurs dépens que le règne militaire est une autre calamité.
A la grande différence des civils, le pouvoir des bidasses se caractérise comme suit:
Au début, ils se disputent les postes ministériels, les privilèges et la hiérarchie des honneurs inhérents aux efforts et au courage dans le renversement du pouvoir précédent, accusé de tous les péchés. Ils veulent occuper toutes les positions stratégiques de l’Etat, notamment les ministères et Directions les plus pourvus et financièrement bien lotis. A la place du dictateur renversé ou du tyran qualifié, le chef du putsch gagne en titre: « héros national »,  » l’enfant prodige », « Le libérateur du peuple ou le sauveur ». Les autres s’entredechirent dans la préséance. Le numéro Un, le numéro 2, le bras droit ou le fidèle parmi les fidèles. Pendant ce temps, les démagogues créent partout des mouvements de soutien à la gloire du plus illustre des médiocres porté par la violence et les armes au pouvoir. Chacun se cherche et le pays chavire dans l’oubli.
Ensuite, après avoir pris goût du pouvoir, la rivalité commence, les ambitions aussi. Chacun veut être le numéro 1. C’est le début de la naissance des factions, les frères d’armes deviennent des ennemis jurés. Le chef voit la menace partout et craint désormais pour son fauteuil. C’est la phase des complots et le manque de sérénité au sommet. C’est la dislocation des forces et la rupture de confiance.
En plus, arrive l’étape de la démonstration populaire. Le chef des putschistes se tourne vers les masses populaires pour tester sa légitimité avec des liasses de banque. L’argent coule à flot et les plus rompus des opportunistes sont inondés d’argent. Cette étape marque le début de la fin de règne et l’annonce imminente d’une chute brutale.
Et enfin, un nouveau coup d’Etat intervient. Le compte à rebours est lancé. C’est un cycle infernal et le retour à la case départ. Le régime militaire, c’est chanter et danser à la gloire de nos illustres médiocres.
Albert Einstein a bien eu raison dans son livre « Ma vision du Monde », de dire, citation:  » la pire des institutions grégaires se prénomme, armée. Je la hais ».
Je persiste et signe à l’image de Norbert Zongo dans « Parachutage » qu’un régime militaire est un coup d’État en instances.
Qui, pour convaincre le contraire ?

Habib Marouane Camara, journaliste-éditorialiste.