Les laveurs mortuaires jouent un rôle prépondérant dans l’entretien des corps dans les structures sanitaires. En Guinée, ces travailleurs de l’ombre qui effectuent les soins de corps en les préparant avant la mise en cercueil éprouvent d’énormes difficultés dans l’exercice de leur profession. Rencontré par notre rédaction ce jeudi, 29 mai 2025, à la morgue de l’hôpital national Donka, Amara Bangoura, exerçant ce vieux métier depuis près de 30 a tiré la sonnette d’alarme sur leurs conditions de travail dans ce plus grand établissement hospitalier public du pays. Ce laveur mortuaire a fait de graves révélations en affirmant que depuis 2009, ils ne bénéficient aucun salaire. D’après lui, ils vivent au dépend des dons et des aides des parents des personnes décédées.
«Moi j’étais à l’école, c’est mon papa qui travaillait ici au temps de Sékou Touré je venais apprendre auprès de lui après les cours. Quand mon papa est décédé comme j’avais de l’expérience, la Direction m’a récupéré et je suis resté. Cela fait aujourd’hui près de 30 ans je suis le seul qui lave les corps, les habillés et les préparés avant l’enterrement. Et au temps du général Lansana Conté, on était payé avec un salaire de 40.000 GNF. Mais depuis sa mort, la Directrice qui est venu ici Fatou Sikhé Camara a bloqué notre salaire en 2009 jusqu’aujourd’hui, aucun de nous n’est payé. Et c’est nous qui lavons toute sorte de corps ici à Donka, que ça a soit chrétiens, musulmans, enfants, hommes comme femmes. Nous sommes nombreux ici mais les gens qui lavent les corps à l’intérieur, dans la salle nous sommes au nombre de 5 personnes et il y a les femmes aussi de l’autre côté qui sont chargés de laver les femmes. Mais aucun salaire depuis 2009, seulement quand on fini de laver un corps ce que ses parents nous donnent on se contente de ça sinon aucun salaire pour nous ni la prise en charge, rien. Je ne parle pas de ceux qui sont dans le bureau mais nous 5 qui travaillent dans la salle de lavage des corps personne n’est payé parmi nous. Même les matériels c’est nous qui les payons Gans, savons, parfun, pagnes blancs, tenue qu’on porte c’est nous qui payons tout, l’hôpital ne nous donne rien. Alors qu’on est exposé à tout ici», a-t-il révélé
Face à cette précarité indescriptible, les laveurs mortuaires de l’hôpital Donka disent avoir mené plusieurs démarches auprès de la Direction et auprès du département de tutelle qui sont restées sans succès. Pendant ce temps, ces pères et mères de famille abandonnés à leur sort en cours des risques grandissant de maladies contagieuses.
«On a tout fait mais rien. Et même le ministère ne connaît pas notre existence ici. C’est pourquoi nous vivons aujourd’hui dans la précarité depuis des années. Moi c’est dans ça je me suis marié, j’ai eu des enfants mais il n’y a aucun héritage qu’on va laisser à nos enfants rien parce les 50. 000fg qu’on gagne ici c’est pour le manger de la famille. Regardez, aujourd’hui nous sommes sur le 3ème corps mais même l’eau depuis le matin on n’a pas bu d’abord Ici nous sommes exposés à toutes sorte de maladies parce que les corps qui viennent peuvent d’autres peut être mort d’une maladie contagieuse dont directement on peut être aussi contracté mais même tu tombe malade tu ne sera pas prise en charge. Moi qui vous parle j’ai fait près de 30 ans ici. Dans ce service, j’ai vécu tout ici mais aujourd’hui rien comme héritage et je suis toujours logé parce que le peu que je gagne c’est pour le manger de la famille. Je ne peux pas réaliser dans ça. Je dis seulement ce que les parents des cadavres nous donnent c’est ce que nous regroupons le soir on partage chacun rentre avec sa part. Et nous travaillons de 6h à 22h chaque jour et le jour où on n’a pas de corps à laver, on rentre ce jour là la main vide. Ici nous sommes exploités et on n’est pas considéré par les responsables de l’hôpital Donka», a dénoncé Amara Bangoura
Ne sachant plus à quel saint se vouer, ce laveur mortuaire invite le Président de la République, Général Mamadi Doumbouya à revoir leur situation qui se dégrade du jour au jour. Amara Bangoura a également demandé aux personnes de bonne volonté de leur venir en aide.
«Nous invitons le président de la République Général Doumbouya et son gouvernement d’envoyer les gens ici voir ce qui se passe dans la salle de lavage des corps. Parce que rien si ce n’est pas la souffrance. Aujourd’hui nous sommes les plus pauvres en Guinée après plus de 20 ans de service aucun salaire même un don on a jamais bénéficié même le ramadan nous on ne bénéficie pas des dons. Et des personnes de bonnes volonté de nous aider on n’est pas payé rien et nous sommes tous des pères et mères de famille. On vient ici à 6h et on ne quitte qu’à 22h chaque jour parce que tous les corps de Donka c’est nous qui les lavons ici, on les prépare très bien avant de remettre à leur parents», a-t-il lancé
Ibrahima Camara