Affaire Ahmed Kanté contre Alexandre Zotov : L’audience renvoyée pour désignation d’un interprète en anglais

Le procès opposant l’ancien ministre des Mines et de la Géologie, Ahmed Kanté, au patron de la société minière African Bauxite Corporation (ABC), le Russe Alexandre Zotov, a connu un nouveau rebondissement ce lundi 20 janvier 2025 au Tribunal de Première Instance de Kaloum. La séance, qui avait pourtant débuté avec la déposition de l’ancien ministre, a été suspendue en raison d’un désaccord sur la désignation d’un interprète.

Appelé à la barre peu après 12h, Alexandre Zotov, plaignant dans cette affaire, a demandé à être entendu en anglais, sa langue de prédilection. Cependant, le tribunal s’est heurté à une impasse : l’absence d’un interprète agréé pour assurer la traduction.

La partie civile, représentée par Zotov et son équipe juridique, a proposé un interprète qu’elle avait amené pour accélérer le processus. « Nous avons fait cette proposition dans l’intérêt du bon déroulement de l’audience », a déclaré l’un des avocats du plaignant.

Cependant, cette initiative a été rejetée par les avocats d’Ahmed Kanté, qui ont exprimé des réserves sur le choix unilatéral de cet interprète. « Monsieur le Président, nous n’avons pas été associés à cette désignation. Nous souhaitons que le parquet prenne ses responsabilités pour désigner un interprète indépendant, comme vous l’avez indiqué », a plaidé la défense.

Face à cette divergence, le procureur Mohamed Bangoura a assuré que le ministère public prendra en charge la désignation d’un interprète qualifié : « Nous veillerons à ce qu’il soit indépendant et impartial. »

Pour apaiser les tensions, le juge Ousmane Sylla a ordonné que l’interprète à venir soit présenté à toutes les parties avant la prochaine audience. « Il est impératif que cette question soit réglée afin d’éviter tout retard supplémentaire dans cette affaire sensible », a-t-il martelé avant de renvoyer l’audience au 27 janvier 2025.

Un autre élément a retenu l’attention au cours de cette audience : c’est le silence apparent du procureur sur certains aspects du dossier. Alors que des accusations graves ont été rapportées à la cour pour d’abus de confiance et de concurrence déloyale qui pèsent sur Ahmed Kanté, le ministère public n’a posé aucune question au plaignant, une position qui interpelle. Pourquoi ce mutisme dans une affaire d’une telle importance ? Cette absence de réactions pourrait-elle indiquer une prise de position implicite ou une stratégie encore floue ?

Par ailleurs, la partie civile a rappelé que l’interprète initialement proposé avait reçu une recommandation officielle du ministère de l’Intérieur de la République de Guinée. Une question reste donc posée : pourquoi ce rejet catégorique d’un interprète qui semblait pourtant remplir les conditions d’accréditation ?

La suite de ce procès, prévue dans quelques jours, devrait permettre d’apporter des clarifications, tant sur la désignation de l’interprète que sur la position du parquet dans cette affaire complexe.

O.T.B