Le prix Renaudot 2024 attribué à Gaël Faye pour son roman «Jacaranda»

Le prix Renaudot vient d’être décerné à l’auteur franco-rwandais Gaël Faye, un des favoris pour le Goncourt, pour son deuxième roman intitulé Jacaranda, aux éditions Grasset. Son premier ouvrage Petit Pays publié en 2016, traduit dans plus de 20 langues, avait notamment reçu le prix Goncourt des lycéens cette année-là.

Le deuxième roman de Gaël Faye, Jacaranda, raconte la reconstruction du Rwanda après le génocide de 1994. Il remporte le prix Renaudot ce lundi 4 novembre. Dans Petit pays, son premier ouvrage devenu un immense succès de librairie et qui a reçu le prix Goncourt des lycéens 2016, l’auteur se plaçait du point de vue d’un garçon ayant grandi au Burundi.

Cette fois-ci, le narrateur a grandi en France, à Versailles, d’un père français et d’une mère rwandaise. Ce jeune homme, Milan, va découvrir Kigali, l’omniprésence de la mémoire du génocide et des membres de sa famille. Sur le génocide, Gaël Faye ne perd jamais une occasion de conseiller de lire les témoignages de survivants et les livres d’histoire les plus récents. Autant d’ouvrages qui n’ont pas la diffusion des siens. Sa prose et les paroles de ses chansons prennent un autre biais pour dépeindre ce Rwanda où il vit aujourd’hui.

C’est « beaucoup de joie, une grande surprise », a réagi Gaël Faye ce lundi midi au restaurant Drouant, où sont traditionnellement remis les prix Renaudot et Goncourt, attribué lundi au romancier franco-algérien Kamel Daoud pour son roman Houris (éditions Gallimard), sur « la décennie noire » en Algérie. Houris, le prix Goncourt, et Jacaranda, le prix Renaudot, « ce sont des livres qui parlent des années 1990 : c’est aussi des conflits, le génocide des Tutsis au Rwanda, qui ont eu lieu à un moment où le monde était encore différent, on n’avait pas encore internet, a-t-il commenté. Est-ce que les 30 ans qui nous séparent de l’événement étaient un temps nécessaire pour pouvoir, nous en tant qu’écrivains, en tant qu’auteurs, pouvoir prendre le temps de ce recul pour mettre des mots sur cette violence qui est arrivée et qui continue d’avoir un impact sur nos sociétés aujourd’hui ? », s’est-il interrogé.

Je pense ma génération comme un trait d’union. On essaie de leur expliquer ce qu’était la vie avant, la vie pendant, la vie après.

Gaël Faye dédie son prix «à la génération post-génocide rwandaise» Catherine Fruchon-Toussaint

Carrière musicale remplie

Français par son père, Rwandais du côté de sa mère, Gaël Faye, 42 ans, a un profil atypique dans le paysage littéraire français : entre slam, musique et littérature, il multiplie les talents, dont la plume est aussi alerte que les thèmes sont graves. Actuellement résident au Rwanda, l’artiste a grandi au Burundi avant de fuir la guerre à l’âge de 13 ans et de s’installer en France.

On découvre son histoire singulière dans un premier album intitulé Pili pili [piment, NDLR] sur un croissant au beurre sorti en 2013, dans lequel résonne sa vie en exil. En 2018, il remporte la Victoire de la musique de la révélation scène. L’année suivante, il publie le tout aussi acclamé Lundi méchant (2020) puis Éphémère en collaboration avec ses amis Grand Corps Malade et Ben Mazué (2022)

in rfi