Attendue comme le crépuscule au mois de carême, comme pour parler aussi simplement, l’adresse à la nation du Chef de l’Etat, à la suite du dramatique incendie du principal dépôt d’hydrocarbures du pays, a manqué d’éléments qui devaient inscrire celle-ci dans les marbres de l’histoire.
C’est peu dire que l’attente de l’opinion, est loin d’avoir été comblée. C’est aussi excessif de dire que la sortie fut inutile, car elle a eu le mérite de taire les spéculations et dissuader des Cassandres. On n’en dira pas plus.
Chacun sait ce dont il s’agit et qui avait davantage déchainé les passions, autant que les commentaires de la tragédie.
Pour revenir au discours, le comité de rédacteurs, s’il y en a, ou le rédacteur, pouvait faire mieux. Il en était tout aussi pour le réalisateur qui a diverti au lieu d’amener les téléspectateurs à se concentrer sur le gestuel du chef de l’Etat et le contenu de son discours.
A propos, l’hymne national a été travesti lui donnant une inspiration dramatique. Qu’on se le tienne pour dit, l’hymne national, ça reste un montage constant, qui ne varie pas au gré des évènements ou de l’humeur du monteur.
Au-delà, les différents plans utilisés, notamment le plan large, amenait les téléspectateurs à s’égarer dans le décor du bureau du Président. Un décor à l’antipode du thème du discours.
Avec le plan serré, on avait l’impression que le colonel regardait ailleurs, mais pas le peuple pour lequel il parlait.
C’est un constat rapporté par un spécialiste. La position assise a aussi contribué à amplifier des spéculations de mauvais goût.
Quant au discours, il ne peut être critiqué pour sa longueur. Quand on fouille dans l’histoire, on trouvera des discours qui restent encore mémorables, et qui ont le même timing, ou moins que celui prononcé par le Président du CNRD. Le débat, le plus objectif, c’est autour de son contenu.
Aucune information majeure, excepté l’annonce du deuil national, n’a filtré dudit discours. Alors que les blessés, les riverains impactés par la déflagration, des secteurs d’activités aussi impactés, attendaient, mais en vain, une annonce forte.
Les secouristes n’ont pas été nommément cités et les hommages n’étaient pas suffisamment appuyés à propos de ceux d’entre eux qui ont perdu la vie dans le difficile exercice de leurs fonctions.
Pour terminer, on attendait aussi le Président, d’un ton ferme et empathique, soutenir l’ouverture d’une information judiciaire à propos de l’origine du sinistre, puis rassurer de toute sa détermination pour que les enquêtes aboutissent.
Tout cela, pris en compte dans cette allocution, aurait été des ingrédients assez captivants et émouvants qui pouvaient, sans doute, amenuiser des inquiétudes et rassurer pour l’avenir que beaucoup redoute déjà incertain pour leurs secteurs d’activités.
Mognouma Cissé