Le Burkina Faso et le Niger suivent les pas du Mali : les deux pays ont annoncé, samedi, quitter le G5 Sahel… réduit, à présent, à la Mauritanie et au Tchad. Une nouvelle qui ne surprend pas vraiment les journaux ce lundi matin. « Ce qui devait arriver arriva ! » soupire Waka Séra au Burkina Faso, tandis que Mouryya Niger considère de toute façon que le « G5 Sahel était une organisation mort-née. » « On avait même, renchérit L’observateur Paalga, oublié son existence. » Finalement, ironise le journal, le Burkina Faso et le Niger ont redonné du souffle à ce groupe, « nous [ont] rappel[é] qu’il vivait toujours… en le quittant. »
Pourtant, les ambitions étaient là : « mutualiser les moyens humains, logistiques, financiers, et les renseignements pour venir à bout de l’hydre terroriste », sans oublier « un volet social et économique. »
Les premières difficultés sont rapidement apparues
En réalité, « le bébé, âgé aujourd’hui de 9 ans, n’a jamais pu […] tenir sur ses deux pieds pour marcher » analyse Wakat Séra. Et pour cause : l’instance a peiné à se faire reconnaître, adopter, par la communauté internationale, et a manqué de moyens financiers. « Faute de parrain fort, le tout-petit ne pouvait [donc] prétendre grandir normalement. »
Et puis, il y a eu des difficultés géopolitiques : L’observateur Paalga estime ainsi que « deux pays étaient un obstacle de taille », les États-Unis d’abord, qui ont opposé leur veto, « empêchant la mobilisation des fonds de la part de l’ONU » ; l’Algérie, ensuite, « qui tenait à exclure la France comme locomotive de l’institution. »
Le G5 était donc déjà moribond, et les derniers mois lui ont porté le coup de grâce : le départ du Mali en mai 2022 a marqué une première étape, entérinée en septembre avec la création de l’AES, l’Alliance des Etats du Sahel, réunissant Mali, Niger et Burkina Faso. En créant cet organe, estime Wakat Séra, « il devenait tout à fait illogique que [ces pays] continuent de faire partie d’une structure » qu’ils ont rejetée. Bref, conclut le journal: « le G5 Sahel est donc mort ; vive l’AES ! »
Des axes similaires à ceux du G5
Ce weekend, les présidents malien, burkinabè et nigérien ont introduit un triptyque directeur, les « 3D » rappelés par Aujourd’hui au Faso : « Défense-Diplomatie-Développement. » Mais à la différence du G5 Sahel, l’AES assure qu’il pourra compter sur ses propres forces : « le G5 Sahel ayant été dans les faits un albatros dépouillé d’ailes, l’avènement d’une structure à forte tendance militaire était impératif », résume Aujourd’hui au Faso. C’est pour cette même raison que les pays membres envisagent déjà, selon le titre, de renforcer leur coopération sur d’autres plans : « mis au ban de la communauté internationale […] les trois pays veulent tracer un nouveau [sillon] pour se faire entendre. » D’où, croit savoir le journal burkinabè, l’éventuelle création d’une banque centrale de l’AES, pourquoi pas même « d’une monnaie commune aux 3 pays et à terme peut-être un divorce avec la Cedeao. »
Sans rentrer dans le détail, au Niger, Tam Tam info parie aussi sur la mise en place d’ « une collaboration qui va s’étendre aux autres secteurs, avec l’adoption de l’architecture institutionnelle de l’AES. »
Reste cette question, posée par Wakat Séra : « après le G5 Sahel, les pays de l’AES […] iront-ils plus loin ? » Rendez-vous dans quelques mois : ces interrogations ont, de toute façon, philosophe le journal, « probablement trouvé réponse au niveau des têtes pensantes de l’AES. »
Le climat également à la Une
La COP28 se poursuit à Dubaï. Plusieurs engagements ont déjà été pris, dont celui de tripler les énergies renouvelables d’ici à 2030. Mais les promesses n’engagent que ceux qui y croient, d’autant que, souligne Le pays, c’est un serment « volontaire et non contraignant. » D’ailleurs, « de grands pollueurs comme la Russie, l’Arabie Saoudite, la Chine, […] ne figurent pas sur la liste des pays signataires », c’est dire s’il « ne faut pas trop rêver » maugrée le journal.
Tout de même, Le Pays salue la création d’un fonds « Pertes et dommages », à laquelle a participé l’Afrique, rappelle Reporterre, qui livre un portrait d’Emmanuel Michael Mwanyongo, ancien diplomate malawite auquel le média consacre un portrait. Dans les colonnes du journal, il regrette manquer « de tout : de documentation, de livres », pour éduquer au changement climatique. Comme les promesses de faire des efforts, ce travail « salutaire, » « peine encore à porter ses fruits. » Alors Le Pays préfère se faire sceptique pour ne pas être déçu : comme Saint-Thomas, le journal a décidé « d’attendre de voir avant de croire. »
RFI