Au secours de la communication du pouvoir ! (Édito Mognouma)
Nous sommes en train de retomber dans les travers. En tout cas, la componction ne résistera pas à une volonté tendancieuse illisible. On avait pourtant dit que c’en est terminé de ces mauvaises habitudes. La communication aux fins de propagande. La semaine dernière, on a appris, que le secrétaire général de la Présidence a convoqué les administrateurs qui ont flirté, avant d’être nommés, avec le métier de journaliste et l’art de la propagande. Général Amara Camara, non sans regret, a transmis à ses interlocuteurs, très nombreux, le message d’indignation de son patron, aujourd’hui malmené dans les médias et sur les réseaux sociaux, sans que ces personnes qui ont bénéficié de sa largesse ne réagissent. En d’autres termes, cette voix autorisée et très retentissante de la Présidence de la république de Guinée a reproché à ces cadres qu’ils ne font rien pour travailler sur l’image du Président.
Là-dessus, il y a un détail important qu’il faut savoir. C’est en lien avec la nature du deal qui lie ces personnes nommées à leur bienfaiteur.
Difficile de répondre à cette question, d’autant plus qu’après la nomination, on a appris, que ces personnes mises devant l’histoire de la conscience, ont reçu une sérieuse mise en garde de la part du même secrétaire Général. Celui-ci, au nom de son patron qui ne se doutait pas, à l’époque, d’être plus tard dans le creux abyssal, peu importe les explications, aurait défendu, notamment aux anciens communicants connus sur les réseaux sociaux pour leur virulence, de continuer avec cette attitude, incontestablement détestable. Eh ben, qu’est qu’on demande à nouveau à ceux-ci ?
Pour dire tout vrai, la démarche est approximative. Les plus hautes autorités avaient deux choix, en s’attaquant à l’effet du désamour se traduisant dans la virulence contre eux, des réactions de la part des citoyens. C’est de réactiver et renforcer les services de communication institutionnels dédiés à cela. Ces derniers, à leur tour, peuvent réquisitionner les services de ces communicants, ou d’en trouver ailleurs, suivant un objectif bien défini.
Le recours à la propagande est une solution cosmétique face à un problème réel, qui s’amplifie, hélas.
D’abord, savoir que l’opinion, dans les médias et sur les réseaux sociaux, est largement défavorable au pouvoir, est en soi un début de solution. C’est une prise de conscience qui est en déphasage avec les discours, dans les temps, qui bourdonnaient dans nos oreilles. Les autorités, du moins certaine partie non négligeable, laissaient entendre dans un langage empreint de dédain qu’elles n’ont pas besoin qu’on parle en bien d’elles. En d’autres termes, dans un langage cru, on s’en fout de ce qu’on dit de nous.
La solution à portée de main, celle urgente, n’est pas la remobilisation de ces anciens journalistes et communicants qui ont mal à la vertu, et qui sont en rupture de crédibilité. Il faut s’ouvrir. Partager avec la presse sa vision et ses acquis, que de se claquemurer dans une bulle d’arrogance improductive.
L’autre solution, c’est de procéder au dégel. Lever le contrôle judiciaire des cadres pénalisés par cette procédure, et contre lesquels, la justice n’a rien trouvé. Aussi, libérer ces prisonniers dont la libération sous contrôle judiciaire est déjà prononcée par les juges de la CRIEF. Puis procéder à une ouverture politique qui doit s’exprimer dans un gouvernement remanié et des rapports plus cordiaux avec l’ensemble des acteurs politiques et de la société civile. Peut-être que c’est trop prétentieux, par conséquent un leurre de voir les choses évoluer dans ce sens.
Mais en attendant, ils seront obligés de continuer à se battre pour gagner la guerre de l’opinion qui, selon toute vraisemblance, leur est défavorable.
In Djoma