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L’annonce présidentielle en Guinée : une opération de communication face à une crise profonde

L’annonce faite depuis Abidjan par le Premier ministre Amadou Oury Bah, fixant les élections présidentielle et législatives à décembre prochain, s’apparente davantage à une stratégie de communication destinée à rassurer les partenaires et investisseurs étrangers qu’à une réponse substantielle à la crise multidimensionnelle qui étreint la Guinée.

Dans un contexte alarmant, caractérisé par des violations massives des droits humains, des disparitions forcées, des assassinats impunis de manifestants, et une absence criante de dialogue entre les autorités et les forces politiques, des élections organisées dans de telles conditions ne pourraient qu’exacerber les tensions et déboucher inéluctablement sur des conflits. Une telle démarche compromettrait irrémédiablement leur crédibilité, la paix et la stabilité nationale, déjà fragiles.

Bien que nous restions fermement favorables à un retour rapide à l’ordre constitutionnel par le biais d’élections véritablement crédibles et inclusives, nous rejetons catégoriquement toute tentative visant à légitimer, par une mascarade électorale précipitée, le maintien au pouvoir du chef de la junte, en violation flagrante de l’article 46 de la Charte de la transition.

De nombreux signaux alarmants renforcent nos vives inquiétudes quant à la volonté réelle du régime d’organiser un processus électoral transparent et équitable. Parmi ces signaux figurent le refus obstiné d’un organe de gestion électorale (OGE) véritablement indépendant et consensuel, l’attribution unilatérale de l’organisation des élections au Ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation (MATD) et à ses préfets militaires, l’exclusion délibérée dans le projet de Constitution des articles 46, 55 et 65 de la Charte, des discriminations flagrantes dans la distribution des kits d’enrôlement, et une propagande éhontée en faveur du maintien au pouvoir du général Mamadi Doumbouya.

En l’absence d’un fichier électoral transparent et auditable, sans la mise en place d’un OGE impartial et indépendant, et au mépris flagrant de la Charte de la transition que le président de la transition a pourtant solennellement juré de respecter, ces élections hâtives ne feraient qu’anéantir les rares acquis démocratiques, et plongeraient le pays dans une instabilité et une insécurité accrues.

Au sein de l’Alliance nationale pour l’alternance démocratique (ANAD) et des Forces vives de Guinée, nous poursuivrons avec détermination et sans relâche notre combat inébranlable pour la tenue d’élections véritablement justes, transparentes et inclusives, dans le strict respect des droits et des aspirations légitimes du peuple guinéen. C’est la seule voie garante d’une paix durable et d’une véritable stabilité pour notre nation.

Souleymane Souza KONATÉ, Coordinateur de la Cellule de Communication de l’UFDG
Président de la Commission Communication de l’ANAD.