A la fondation Félix Houphouët-Boigny, dans la capitale Yamoussoukro, Tidjane Thiam a tenu son premier meeting depuis sa déclaration de candidature à la présidence du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI).

Chemise en pagne vert aux couleurs du parti, il s’est exprimé pendant une quarantaine de minutes devant une salle de 2000 personnes remplie de cadres et de militants.

“Nous avons le devoir de demeurer unis. Notre parti n’a pas le temps pour la division”, a-t-il lancé, ajoutant que le PDCI devait être “l’acteur politique numéro 1” en Côte d’Ivoire.

Vingt ans hors du pays

Insistant sur ses compétences d’ingénieur et de banquier, il a aussi esquissé son programme en mettant notamment l’accent sur la “décentralisation” et “l’autonomie et le pouvoir de la base militante”. Son objectif : “rendre le PDCI plus moderne, plus attrayant et plus efficace sans perdre de vue l’objectif du retour au pouvoir”.

A 61 ans, un âge jeune pour occuper de hautes fonctions politiques en Côte d’Ivoire, ce banquier franco-ivoirien a connu une parenthèse de plus 20 ans hors de son pays – il a été notamment directeur général de Credit Suisse de 2015 à 2020 -, ce qui lui vaut des critiques chez ses détracteurs.

“Il a passé ces 20 ans à travailler ! Il a les deux cultures, c’est un atout, il est le seul qui peut réconcilier l’Europe et l’Afrique”, assure Guissa Doudou, un délégué qui le soutient.

Candidat idéal

Désormais de retour au pays, il reprend le fil de sa carrière politique, interrompue en 1999 lors du coup d’Etat qui avait renversé le président Henri Konan Bédié. A 36 ans, il était alors un jeune ministre du Plan.

Depuis, l’ancien parti unique n’a plus jamais accédé à la magistrature suprême, et est désormais devenu le premier parti d’opposition. Orphelin d’un chef après la mort de Henri Konan Bédié à 89 ans en août dernier, le PDCI cherche désormais un nouveau souffle.

Au-delà de la présidence du parti, ses soutiens voient en Tidjane Thiam le candidat idéal pour revenir au pouvoir lors de la prochaine présidentielle en 2025.

“Nous avons l’image d’un parti conservateur, d’un parti de vieillards. Il y a un contexte nouveau avec un pays qui compte 70% de jeunes, il faut quelqu’un qui peut communiquer avec eux”, relève un cadre du parti.

“Il faut un renouvellement de la classe politique, il est une vraie référence et notre meilleure chance de revenir au pouvoir”, abonde Lazare Ahizi, délégué de la région de Grand-Lahou (sud).

Fort soutien

Le choix d’un premier meeting à Yamoussoukro n’est pas anodin: la capitale de la Côte d’Ivoire, fief du PDCI, a été fondée par le premier président ivoirien Félix Houphouët-Boigny, dont Tidjane Thiam est par ailleurs le petit-neveu. Un atout de plus pour séduire au sein du parti.

Une cinquantaine de députés – sur les 63 que compte le PDCI – ont annoncé leur soutien à sa candidature pour le Congrès électif du 16 décembre. Initialement candidat, un cadre du parti, Noel Akossi Bendjo, longuement ovationné samedi, s’est désisté pour se rallier à lui.

“Thiam est un manager, il a fait ses preuves, il a la détermination. Il faut privilégier un travail d’équipe et mettre toutes nos énergies et compétences pour que le PDCI revienne au pouvoir en 2025. Il est temps de nous rassembler !”, a déclaré Noel Akossi Bendjo, en appelant à un “consensus” derrière Tidjane Thiam.

Pour l’heure, Tidjane Thiam compte un seul adversaire au Congrès du 16 décembre, le maire de la commune abidjanaise de Cocody, Jean-Marc Yacé, 62 ans, qui souhaite lui aussi rajeunir le parti et incarner un nouveau souffle. “C’est bien qu’il y ait deux candidatures, ça sera une élection démocratique”, approuve un historique du parti.

ats/jfe

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