Transition en Guinée: Le temps de l’inventaire, des deux ans, s’impose !(Par Marouane)
Après deux ans de conduite solitaire, cacophonique et chaotique de la transition sous le CNRD, il est temps de marquer un arrêt, faire une auto évaluation, bref, tirer des leçons, rectifier le tir et redémarrer sous le sceau de l’inclusion et l’harmonie.
Nul besoin de rappeler que notre transition se porte mal, d’ailleurs, très mal.
Nul besoin d’alerter sur les risques d’un glissement périlleux aux multiples conséquences.
Le temps de l’inventaire, des deux ans, s’impose. Après la période de l’euphorie de la prise du pouvoir, des combats inutiles engagés, des flous provoqués, la rupture de confiance qui s’est installée et l’issue incertaine qui se pointe, le Colonel Mamadi Doumbouya a tout intérêt de reprendre le contrôle de la situation face à la réalité du moment et la vérité des faits dans un contexte de radicalisation généralisée et de mécontentement grandissant.
Le temps est le pire allié d’un pouvoir qui patine dans ses propres contradictions, qui vit d’émotions insensées et de passions déraisonnables et suicidaires.
Face à la réalité du moment, aux défis du futur et à la promesse faite aux Guinéens, le CNRD doit revoir les causes qui ont entraîné la chute du défunt régime.
La situation actuelle est pire que ne l’était hier. Et le Colonel Mamadi Doumbouya risque d’être dans un tourbillon qui va l’emporter, s’il n’y prend garde. Le pire qu’on puisse souhaiter à cette transition est de conduire à des élections libres, transparentes, inclusives devant aboutir à l’élection, pour une fois, d’un président qui reflète la vérité des urnes et le choix légitime et rationnel du peuple de Guinée.
Il coûterait quoi au Colonel Mamadi Doumbouya de ranger ses nerfs au frigo pour faire appel à tous, sans exception et faire renaître un nouvel espoir, sincère.
Les Guinéens doutent de plus en plus de sa bonne foi, de son engagement de départ et de ses capacités à résister aux sirènes confusionnistes et dégagistes.
Son entourage perlé d’opportunistes, de revanchards et de reclus de justice voit les menaces de tous les côtés et réalisent pertinemment que la situation risque de tourner au pire. Ils sont plus dangereux que le danger et s’adaptent à tout climat comme une couronne de soleil.
Mon Colonel, l’heure est grave et la montre tourne dangereusement contre vous. Et pourtant, il reste encore une dernière chance pour vous, au bénéfice du peuple et du pays.
Pour y arriver, je vous donne les dix (10) leçons ou commandement du pouvoir qui doivent vous servir de boussole. Il faut comprendre et intégrer ces 10:
1- Le pouvoir est éphémère. Il a un début et une fin.
2- Le pouvoir trompe et corrompe.
3- Aucun président n’est éternel. Il a remplacé des hommes et il sera remplacé tôt ou tard.
4- Le pouvoir révèle la vraie nature humaine de chacun. On peut venir avec un masque, mais il finira toujours par tomber.
5- Le pouvoir attire des flatteurs, des courtisans et des intriguants. Dieu, seul, sait aujourd’hui ils sont combien qui écument votre palais ?
6- Il faut se méfier d’un peuple docile, doux ou accommodant. Il est comme une eau dormante, dangereuse de nature et de réputation.
7- Le même peuple qui dit vive le président est ce même qui dira à bas le président ! Alpha Condé qui avait dompté toutes les forces opposées, a été plutôt renversé par des proches et fidèles. Même après sa chute, il contestait sa perte de légitimité. Aucune mouche n’a ronronné et les femmes qui ont payé sa caution pour le 3ème mandat ont pris acte de sa destitution. Qui l’aurait crû?
8- Aucun pouvoir n’est continuellement fort. C’est le moment qui l’est.
9- Mieux vaut quitter, le pouvoir, cinq (5) plutôt que de partir cinq (5) secondes plus tard. Le respect de la parole donnée doit être un sacerdoce.
10- Le pouvoir ne se force pas. Il faut le lâcher avant qu’il ne te lâche. Ceux qui vous encouragent au bras de fer, sont vos pires ennemis. Et ils seront les tout premiers à dire demain du gros n’importe sur vous.
Je pense bien que ces 10 leçons ou commandements du pouvoir aideront à une gestion lucide, rationnelle du temps qui vous reste et que le bon Dieu a voulu vous accorder à la tête de notre cher et beau pays.
Diantre, le paradis vanté n’était qu’un enfer caché. Ça crie partout !
Source lerevelateur224.com
Par Habib Marouane Camara, journaliste-éditorialiste.