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Madagascar: une mission d’observation de la société civile reproche des irrégularités lors de la présidentielle

Deux jours après le premier tour de la présidentielle à Madagascar, plusieurs missions d’observation ont rendu leur rapport préliminaire. Si le compte rendu de la mission de la communauté de développement de l’Afrique australe (Sadec) ne souligne aucun problème majeur, celui mené par l’observatoire de la société civile Safidy est accablant, souligne la plus grande mission d’observation électorale de cette élection 2023.

Si l’élection s’est tenue sans incidents majeurs, reconnait l’observatoire, le taux de participation de 43,8% est historiquement faible. Ce taux qui a été calculé à partir de quelque 3 000 bureaux de votes « pourrait entraîner un manque de légitimité du président élu et fragiliser les institutions de la République », rapporte notre envoyée spéciale à Antananarivo, Claire Fages.

Une « prolifération de mauvaises pratiques électorales à l’échelle nationale », c’est ce qu’ont relevé les 5 000 observateurs de Safidy, répartis sur les 23 régions malgaches, avant et pendant le scrutin : individus votant sans carte d’identité ni d’électeur, dont on ne vérifie pas l’encre indélébile sur les doigts, transport non sécurisé du matériel électoral, utilisation des moyens publics et des fonctionnaires pour la campagne.

Surtout, de nombreuses irrégularités ont été constatées, commises en particulier par les équipes du candidat numéro 3, le président sortant Andry Rajoelina. Les observateurs ont également été témoins d’achats de voix par ses équipes.

« Les observateurs de Safidy, sur le terrain, ont particulièrement remarqué l’instrumentalisation par les partisans du candidat numéro 3 du Tosika Fameno, un programme de protection sociale dédié aux ménages vulnérables, en leur promettant 100 000 ariary [soit 20 euros, NDLR] par mois en échange d’intégrer le parti TGV [celui d’Andry Rajoelina, NDLR] et de voter pour le président sortant, explique Eddie Carina Ranaivojaonina, responsable de la communication de l’observatoire. En amont du vote, il y a aussi eu des dons d’argent de 30 000 ariary [soit 6 euros, NDLR] pour inciter ces ménages vulnérables à voter pour lui ».

L’observatoire Safidy prévoit de déposer des recours en justice, quand il aura vérifié la tangibilité de ses preuves.

RFI